"L'impact des noms de guerre des militaires français sur la patronymie québécois
"L'impact des noms de guerre des militaires français sur la patronymie québécoise."
par Luc Lépine, historien Ph.D.
Introduction
Nous sommes en juin 1978, la scène se passe au camp militaire de Borden, 90 kilomètres au nord de Toronto. On fait l'appel des jeunes aspirants-officiers des Forces Canadiennes. Leurs noms résonnent dans ce petit matin blafard: Bellerose, Champagne, Charpentier, Deslauriers, Lafrance, Lépine, Potvin, Sansregret, Tranchemontagne et Vadeboncoeur. Ce sont tous de futurs officiers francophones qui portent fièrement des noms de guerre légués par leurs ancêtres. Ces derniers sont arrivés au pays dans le Régiment de Carignan, les Compagnies franches de la Marine ou dans les régiments réguliers qui sont venus en Nouvelle-France. Mon ancêtre direct, Jean Chabaudier dit Lépine, avait quitté son village de Saint-Junien dans le Limousin pour venir ici comme soldat dans la compagnie de Monsieur Arnoult de Loubias, un officier du Régiment de Carignan.
Quelques années plus tard, de 1989 à 1998, j’ai eu le privilège de travailler comme archiviste de référence aux Archives Nationales du Québec à Montréal. Une des questions qui revenait le plus souvent concernait l’origine des surnoms québécois. De longues recherches en histoire militaire m’ont suggéré une piste de réponse. Je vous livre ici le fruit de mes réflexions. Dans cet article, je traiterai de l'origine de ces surnoms militaires et de l’impact des noms de guerre des militaires français sur la patronymie québécoise.
Que nous dit la littérature?
Dans son Traité de généalogie, René Jetté (1)souligne que le surnom est omniprésent dans l'histoire généalogique des Québécois d'origine française. Il ne se transmet que dans la descendance du premier porteur. Jusqu'au début du XXe siècle, il risque de remplacer temporairement ou pour toujours le patronyme d'origine d'au moins un tiers des immigrants français. Jetté note que la raison d'être des nombreux surnoms québécois reste obscure. Lors d’une discussion informelle, René Jetté estimait le nombre de patronymes québécois français à 7,500 dont 5,000 se rencontraient avant l’arrivée des troupes françaises en 1754.
De très nombreux chercheurs, dont Claude Perrault (2) et Marcel Trudel (3), ont noté la présence des surnoms et démontré leur variété sans en indiquer stricto sensu l'origine. Dans son Terrier du Saint-Laurent en 1674, Marcel Trudel rapporte que sur 2,435 noms de famille mentionnés, 28,7% ont un surnom. En 1663, il trouve que la proportion est de 29,52%. Cette diminution des surnoms semble contredire l’explication voulant que l’abondance des ’’dit’’ soit relié à l ‘arrivée des militaires en 1665. Nous reviendrons sur cette hypothèse.
Les dictionnaires français de généalogie sont des plus laconiques en ce qui concerne les surnoms. Ils reconnaissent qu’occasionnellement on retrouve des patronymes dans la France profonde mais ne s’étendent pas sur le sujet.
Le nom de guerre et le soldat francais
Lorsqu'un soldat entre dans l'armée française, on lui attribue un surnom ou nom de guerre, par exemple Philibert Couillaud dit Roquebrune, soldat du régiment de Carignan (4). Ce surnom prend un caractère officiel. Il devient l’équivalent du numéro matricule. Les soldats sont reconnus par leurs noms, prénoms et noms de guerre. Dans le quotidien, le nom de guerre remplace le véritable patronyme surtout quand le soldat parle un dialecte ou le provençal. En l’absence de nom de guerre, on lui attribue le même que son nom. Ainsi en 1651, le soldat Antoine Beaufour dit Beaufour passe un marché pour la cuisson de galettes au fort de Saint-Louis de Québec (5).
En 1716, les règlements militaires français exigent la présence d’un nom de guerre pour tous les simples soldats. L’attribution du surnom se fait de façons souple. Il peut s’agir du choix du soldat ou de celui du capitaine de la compagnie.(6) Lors de la Révolution américiane, la France envoya le régiment de Tourraine pour aider les rebelles américains. Une liste de ces soldats a été publiée.(7) Dans chaque compagnie, les surnoms commencent par la même lettre. Ainsi dans la compagnie Dugré, tous les soldats portent un surnom commençant par D, dans une autre compagnie ils commencent par B. Il est ainsi facile d’identifier à quelle compagnie appartient un soldat. De 1764 à 1768, la compagnie de Casaux du Régiment de Boulonnois-infantrie utilise des noms de légumes. Nous retrouvons ainsi les surnoms: Lartichaud, Lalétue, Lachicorée, Lecresson et Lecerfeuil.
Le nom de guerre est une propriété individuelle. Le soldat ne le change pas facilement. Cela peut arriver quand le soldat est transféré de compagnie et que le surnom y est déjà en usage. En France, l’épouse du soldat va adopter son nom de guerre. Par contre, un fils de soldat porte toujours un surnom différent de celui de son père quand il sert dans l’armée. L’absence de surnom véritable est un signe de considération. Les officiers, les cadets, les volontaires et les gentilhommes n’en ont pas.
André Corvisier soutient qu’un classement rigoureux des surnoms militaires est imposible.(8) Il établit cependant 7 catégories dont j’ai pu retrouver des exemples en Nouvelle France.
1) Prénoms et patronymes: le prénom, souvent précédé de Saint, on n’a qu’à penser aux Saint-Jean, Saint-Pierre, Saint-Louis et Saint-Marc.
2)Les surnoms d’origine. En 1688, on assiste au mariage de Jean Deslandes dit Champigny, soldat provenant de Champigny, archevéché de Paris. (9) L’année suivante, c’est au tour du soldat Robert Houy de Saint-Laurent, natif de la paroisse de Saint-Laurent des Orgeries, diocèse d’Orléans. (10)
3) Les surnoms rappelant le métier: Marien Taillandier dit Labeaume, soldat et chirurgien, passe un contrat de mariage en 1688.(11)
4) Une modification du nom: Le soldat Jacques Rivière dit Larivière se marie en 1699.(12) Le soldat Jean-Jacques Treillet dit Latreille meurt à la Conquête de la Nouvelle-France.(13)
5) Le passé militaire ou l’occupation du soldat: En 1699, le soldat Claude Panneton dit Lefifre passe une obligation devant notaire. (14) Le soldat Jacques Quena dit LaBatterie meurt en 1759 ainsi que trois soldats portant le surnom Lagrenade, tous grenadiers. Dans cette catégorie, on peut inscrire Merry Petit dit Latraversée. (15)
6) Les noms de végétaux et d’animaux: Il n’y a qu’à penser à tous nos Lafleur, Latulipe, Larose, Loiseau ou Létourneau ou à Jean Coton dit Fleurdesprés. (16)
7) Les noms faisant allusion à des caractéristiques personnelles: En voici quelques croustillants, Antoine Bonnet dit Prettaboire, (17), René Cruvinet dit Bas d’argent, (18), Jean Amarault dit Lafidélité, (19) Jacques Legendre dit Bienvivant, (20) Martial Paschal dit Brisefer, (21). Dans certains cas, le surnom améliore le patronyme original comme pour le soldat Jean de Lavacherie dit De Floriers. (22)
André Corvisier a étudié les surnoms des soldats francais présents à l’hôpital des Invalides à Paris. J’en ai tiré quelques exemples.
Tableau 1
Noms de guerre rencontrés dans les registres d’immatriculation des Invalides (Paris) et le nombre de soldats portant ce surnom.
B - Beaulieu 294, Bellefleur 444, Beauséjour 247, Bellerose 486, Beausoleil 474, Bourguignon 539, Belair 538, Brin d’amour 359, Belhumeur 570
C - Champagne 583, Comtois 379, Chevalier 557
D - Desjardins 213, Delisle 132, Desrochers 196, Dubois 253, Desrosiers 186, Duplessis, 227
F - Flamand 92, Francoeur 659
G - GrandMaison 141
L - LaBonté 525, Lafortune 401, LaRose 1348, LaBrie 145, LaFrance 559, LaTour 345, LaChapelle 312, LaJeunesse 1183, LaVerdure 584, LaCroix 502, LaMarche 259, LaVigne 336, Lacombe 123, LaMontagne 491, LaViolette 1062, Ladouceur 642, LaMotte 224, Langevin 223, LaFlamme 122, Lapierre 610, Lespérance 761, Lafleur 1211, LaPlante 130, Lespine 251, Lafontaine 857, LaRivière 661, Lionnois 271, Laforest 484, LaRoche 486, Lorange 282
M - Maisonneuve 34, Montplaisir 232, Montigny 58
N - Narbonne 26, Nivernois 59, Noêl 20
P - Parisien 296, Prètaboire 140, Provençal 267
R - Richard 17, Robert 27, Rossignol 14
S - Sans Chagrin 558, St-Jean 1555, Sans Façon 290, St-Laurent 395, Sans Regret 361, St-Louis 841, Sans Soucy 891, St-Martin 889, St-Amand 345, St-Michel 389, St-Amour 348, St-André 378, St-François 490
T - Taillefer 2, Trompelamort 1, Tranchemontagne 187
V - Vadeboncoeur 416, Vincent 32, Villeneuve 217 Les cinq surnonms les plus fréquents sont Saint-Jean, Larose, Lafleur, Lajeunesse et Laviolette. Ce sont tous des noms de famille que nous retrouvons au Québec.
Faisons un peu d’histoire militaire québécoise...
Au début des années 1660, les menaces iroquoises se font pressantes sur la petite population de la Nouvelle-France. Le Roi de France décide d'envoyer le Régiment Carignan-Salières pour mater les amérindiens. Le Régiment de 1,000 hommes arrive à Québec au printemps 1665. Il comprend 20 compagnies composées d'un capitaine, d'un lieutenant, d'un enseigne, deux sergents, trois caporaux, cinq anspassades et 40 soldats. (23)
Le Régiment de Carignan-Salières affronte sucessivement les iroquois et les hollandais de Schenectady, dans l'Etat de New York. En 1667, la paix est rétablie dans la région. On offre alors aux soldats de s'établir dans la colonie en leur octroyant des terres sur les berges du Saint-Laurent afin de devenir agriculteurs. Plus de 400 d'entre eux acceptent de rester. Ils forment une partie importante des ancêtres des Canadiens français.
Louis XIV institue, en 1669, l'organisation officielle de la milice. Il n'y a plus de troupes régulières au pays mais une grande partie de la population a déjà servi sous les armes. L'esprit martial est encore présent. Tous les habitants du pays de 16 à 60 ans sont divisés en compagnies sous les ordres de capitaines, de lieutenants et d'enseignes. Les officiers du régiment de Carignan deviennent seigneurs. Les anciens soldats deviennent miliciens. Les nouveaux seigneurs continuent d’appeller les censitaires par leurs noms de guerre. Les soldats-censitaires transmettent leurs surnoms à leur épouses et à leurs enfants. Comme les fils ne servent pas dans l’armée régulière, ils n’ont pas à changé de surnom.
En 1685, les miliciens canadiens, malgré leur efficacité, ne peuvent pas répondre à tous les besoins militaires de la colonie. Les autorités françaises décident donc d'envoyer ici en permanence 28 compagnies d'un détachement des Troupes de la Marine. On les nomme communément Compagnies franches de la Marine. Ces troupes avaient été créées en 1674 par le département de la Marine afin de défendre les navires et les colonies françaises. La solde de ces soldats provient de la Marine. Chaque compagnie est indépendante. La direction des différentes compagnies incombe au gouverneur-général de la Nouvelle-France. Chaque capitaine recrute 50 soldats français qui s'engagent pour une période de six ans. Après ce temps, les soldats peuvent retourner en France ou demeurer dans le pays.
En tenant compte du rotation régulière des compagnies franches, on peut estimer à 300 le nombre de recrues qui arrivent chaque année dans la colonie. Les autorités vont faire tout ce qu’elles peuvent pour les retenir après 6 années de service. Comme il n'y avait pas de baraques pour les militaires avant 1750, les soldats étaient logés chez les habitants qui devaient pour une certaine somme s'occuper leurs invités. Les long hivers canadiens forcent les soldats à passer de longues heures près du feu à causer avec les jolies canadiennes. Aussi, n'est-il pas surprenant de voir le nombre élevé de mariages de soldats des Compagnies franches de la Marine avec des filles d'habitants canadiens. De 1685 à 1754, environ 21,000 militaires francais sont venus en Nouvelle-France. Si on évalue à 2500, le nombre de nouveaux patronymes dans la colonie, un soldat sur 8 aurait laissé un patronyme en Nouvelle-France.
Durant la guerre de conquête, 1754-1759, les autorités francaises envoyent 14 régiments réguliers pour combattre les soldats anglais. Chaque régiment comprend 600 hommes. En comptant les 28 compagnies des troupes de la marine et les 14 régiments francais, on retrouve 10,080 soldats sur le territoire québécois. Selon René Jetté, 2,500 noms de famille québécois proviennent de cette période donc un soldat sur 4 nous aurait lêgué un patronyme.
Que nous disent les actes notariés
Grâce à la banque de données PARCHEMIN, nous avons étudié plus de 2,000 occurences de soldats francais dans les actes notariés. Voici deux petits tableaux qui résument la situation.
Tableau 2 - Actes notariés impliquant des militaires
Grade; nombre d’actes; dit(a); Pourcentage
Soldat: 1609, 927, 57%
Caporal: 125, 104, 83%
Sergent: 614, 378, 61%
a) Actes notariés dans lesquels le militaire porte un nom de guerre.
Tableau 3 - Contrats de mariage impliquant des militaires
Grade; nombre d’actes; dit(a); Pourcentage
Soldat: 498, 248, 50%
Caporal: 40, 26, 65%
Sergent: 149, 55, 37%
a) Actes notariés dans lesquels le militaire porte un nom de guerre.
Nous voyons clairement, que plus de la moitié des militaires qui passent des actes notariés possèdent un nom de guerre. Il faut se rappeller que de nombreux soldats ont attendu d’être démobilisés pour se marier.
Un exemple florissant...
Parmi les patronymes les plus fréquents au Québec, on retrouve le nom de Lafleur. René Jetté a trouvé plus de 60 patronymes avec ce surnom. Dans le tableau qui suit, nous listons tous les soldats portant le surnom Lafleur et qui sont venus en Nouvelle-France. Nous indiquons le patronyme d’origine, la date de la première présence au pays et la compagnie à laquelle l’individu appartenait.
Tableau 4 - Présence en Nouvelle-France de 68 soldats portant le nom de guerre Lafleur
Berniac dit Lafleur, François: 1755, régiment de La Reine
Biroleau dit Lafleur, Pierre: 1700, Compagnie de Duluth, Compagnie Franche de la Marine, (CFM)
Bonfretil dit Lafleur, Guillaume: 1687, compagnie de Contrecoeur, Régiment de Carignan-Salières
Bonin dit Lafleur, René: 1699, compagnie de Maricourt, (CFM)
Brault dit Lafleur, Pierre: 1697, compagnie de Jordy, (CFM)
Brousson dit Lafleur, François: 1693, compagnie de Crisafy, (CFM)
Coste dit Lafleur, Jean: 1756, compagnie Ducros, régiment Royal Roussillon
Couc dit Lafleur, Pierre: 1657, soldat et interprète
Coussy dit Lafleur, Pierre: 1699, Compagnie de Leverrier, (CFM)
Darbois dit Lafleur, Jean: 1667, sergent, Compagnie de Sorel, Régiment de Carignan-Salières
Darochenu dit Lafleur, Jean, 1754, Compagnie Dumas, Fort Beauséjour.
De Lasse de Lafleur, Jean: 1686, compagnie Dumesnil, (CFM)
Delgelun dit Lafleur, Dominique: 1756, compagnie de Bourget, régiment Royal Roussillon
Deveze dit Lafleur, Dominique: 1756, compagnie Letang de Celles, régiment de La Sarre
Dionet dit Lafleur, Jean: 1688, caporal, compagnie de Meloizes, (CFM)
Doublaix dit Lafleur, Antoine: 1755, compagnie de Reinepont, Régiment du Languedoc
Estu dit Lafleur, George: 1699, Compagnie de Muy, (CFM)
Feradou dit Lafleur, Jean-Joseph: 1756, compagnie de Laferte, régiment de La Sarre
Fleuret dit Lafleur, Jean: 1730, compagnie de Rigaud, (CFM)
Francaus dit Lafleur, François: 1703, soldat
Fresnau dit Lafleur, François: 1697, compagnie de Bergères, Michillimakinac
Grand dit Lafleur, Antoine: 1756, compagnie de Duparquet, régiment de La Sarre
Gruet dit Lafleur, Charles: 1728, soldat
Horieux dit Lafleur, René: 1665, compagnie de Lafreydière, Régiment de Carignan Salières
Houinche dit Lafleur, Jean-Baptiste: 1756, compagnie de Valette, régiment Royal Roussillon
Jacome dit Lafleur, Pierre: 1755, compagnie de Matissard, Régiment du Languedoc
Jacques dit Lafleur de Morlais, Laurent, 1699, compagnie Merville
Jobin dit Lafleur, Guillaume: 1757, Régiment de Berry Labarthe dit Lafleur, Jean: 1756, compagnie de Bassignoce, régiment Royal Roussillon
Lafleur, ??, 1755, compagnie de Saint-Félix, Régiment du Berry
Lafleur, ??, 1703: compagnie de Lagrois
Lafleur: ??, 1755, compagnie Denoes, Régiment de la Reine
Lafleurdemorlay, Laurent, 1699, Compagnie de Merville
Lalumaudière dit Lafleur, François: 1713, Compagnie de Martigny, (CFM)
Lavallée dit Lafleur,Pierre: 1755, compagnie de Foulhiac, Régiment du Berry
Lecomte dit Lafleur, Pierre: 1708, compagnie de Montigny, (CFM)
Meuitt dit Lafleur, Bernard: 1756, compagnie de Villar, régiment de La Sarre
Meunier dit Lafleur, Gervais: 1700, compagnie de Meloise, (CFM)
Montet dit Lafleur, Pierre: 1702, compagnie de Lagroix, (CFM)
Pariot dit Lafleur, Léonard: 1722, compagnie de Gannes, (CFM)
Pavie dit Lafleur, Charles: 1714, compagnie de Levillier, (CFM)
Pemonte dit Lafleur, Pierre: 1705, compagnie Dumesnil, (CFM)
Pepie dit Lafleur, Daniel: 1709, sergent, compagnie de Cabanac, (CFM)
Perdits dit Lafleur, Guillaume: 1756, compagnie de Cormier, Régiment de Guyane
Perrier dit Lafleur, Jean: 1669, compagnie de Brisadière, Régiment de Carignan-Salières
Perrin dit Lafleur, Pierre: 1698, soldat
Pinsonnault dit Lafleur, François: 1673, compagnie de Saint-Ours, Régiment de Carignan-Salières
Pipy dit Lfleur, Guillaume, 1748, Troupes de l'Île Royale
Piquet dit Lafleur, Joseph: 1706, compagnie de Muy, (CFM)
Poidevin dit Lafleur, François: 1733, compagnie de Lafresnière, (CFM)
Poirier dit Lafleur, Pierre: 1707, compagnie De Lorimier, (CFM)
Prevost dit Lafleur, François: 1755, soldat, Régiment du Languedoc
Puiol dit Lafleur, Joseph: 1734, compagnie de Perigny, (CFM)
Renard dit Lafleur, Nicolas: 1756, compagnie de Rouyn, régiment Royal Roussillon
Richard dit Lafleur, Guillaume: 1674, sergent de la garnison
Robert dit Lafleur, Jean Antoine: 1756, compagnie de Duprat, régiment de La Sarre
Robert dit Lafleur, Jean: 1756, compagnie de Aureillan, régiment Royal Roussillon
Robin dit Lafleur, Guillaume: 1757, soldat, Régiment du Berry
Rolland dit Lafleur, François: 1706, compagnie de Manthet, (CFM)
Roussel dit Lafleur, François: 1756, compagnie de Rouyn, régiment Royal Roussillon
Siret dit Lafleur, René: 1670, compagnie de Montou, Régiment de Carignan-Salières
Tessier dit Lafleur, Jean: 1756, compagnie de Beauclair, régiment de La Sarre
Triolet dit Larivière dit Lafleur, Jacques: 1701, Compagnie Leverrier, (CFM)
Troge dit Lafleur, Jean: 1748, compagnie de Saint-Ours, (CFM)
Turpin dit Lafleur, François: 1650, soldat du camp volant
Vermis dit Lafleur, Joseph: 1756, compagnie de Estors, régiment Royal Roussillon
Ville dit Lafleur, François: 1756, compagnie de Domir, régiment de La Sarre
Comme vous pouvez le remarquer, il n’y a jamais deux soldats Lafleur dans la même compagnie. Sans connaître la descendance de chacun, on peux penser que la majorité des Lafleur de la province ont un ancêtre militaire.
Conclusion...
Cette conclusion se veut plutôt une invitation à un débat sur l’impact des surnoms militaires à la patronymie québécoise. En voici les grands points:
Les soldats francais recoivent un surnom lors de leur entrée dans l’armée.
Ces surnoms sont idividuels. En France, ils ne se transmettent pas de père en fils.
Sous le régime francais, près de 30,000 soldats ont foulé le sol de la Nouvelle-France.
Les autorités ont tout fait pour inciter ces militaires à s’intégrer dans la société.
Nous estimons que plus de 70% de tous nos ancêtres francais étaient militaires à leur arrivée au pays.
La Nouvelle-France constitue une société quasi militaire. Les anciens militaires, devenus miliciens, servent sous leurs anciens officiers, devenus seigneurs.
Ces mêmes seigneurs continuent d’appeller leur censitaires par leurs noms de guerre.
Les noms de guerre se transmettent de père en fils, les fils ne servant pas dans l’armée mais dans la milice.
D’après nous, les noms de guerre des militaires francais venus en Nouvelle-France constituent la grande majorité de tous les sobriquets que l’on retrouve dans la province de Québec.
NOTES
1. René Jetté, Traité de généalogie, Presse de l’Université de Montréal, 1991. 2. Claude Perrault, Les variantes des noms propres et des prénoms et leurS surnoms, Loisirs St-Édouard, Inc, 1981-1982. 3. Marcel Trudel, Du "dit" au "de", noblesse et roture en Nouvelle-France, in Mémoires, Société généalogique canadienne-française, 4. René Jetté Dictionnaire généalogique des familes du Québec, Les Presses de l’ Université de Montréal, 1983. 5. Notaire Audouart dit Saint-Germain, 22 septembre 1651. 6. André Corvisier, L'Armée française de la fin du XVIIe siècle au ministère Choiseul: le soldat, Paris, 1964, 2 volumes. 7. Les combattants français de la guerre américaine, 1778-1783, Washington, Imp. Nationale, 1905, 453p. 8. André Corvisier, op.cit. 9. Notaire Antoine Adhémar, 17 juin 1688. 10. Notaire Trottain dit Saint-Seurin, 12 avril 1689. 11. Notaire M. Moreau, 7 janvier 1688 12. Notaire Antoine Adhémar, 26 janvier 1699. 13. Les héros de 1759 et 1760 inhumés au cimetière de l'Hôpital-Général de Québec, Rapport de l'Archiviste de la Province de Québec, 1920-1921. 14. Notaire Chamballon, 8 avril 1699. 15. Notaire H. Bourgine, 24 janvier 1690 16. Notaire G. Roger, 25 janvier 1699. 17. Notaire Claude Maugue, 27 juillet 1689. 18. Notaire Claude Maugue, 19 septembre 1686. 19. Les héros..., op.cit. 20. Notaire J. Cusson, 20 avril 1694. 21. Notaire A. Adhémar, 1er août 1699 22. Notaire G. Rageot, 4 mars 1668. 23. Extraits les plus parlants provenant du livre de André Corvisier, L'Armée française de la fin du XVIIe siècle au ministère Choiseul: le soldat, Paris, 1964, pp 1049 à 1058. 24. Jack Verney, The Good regiment: the Carignan-Salières Regiment in Canada, 1665-1668, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1991. 25. Jay Casell, The Troupes de la Marine in Canada, 1683-1760: men and material, Thèse de doctorat, University of Toronto, 1988. Christopher J. Russ, Les Troupes de la Marine, 1683-1713, mémoire de maîtrise, Université McGill, 1971http://www.histori.ca/prodev/article.do?id=15333